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PASCAL

Co-initiateur du courant Execclesia
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Ma foi chrétienne, je la vis chez moi en Haute Savoie où je me suis installé dès ma retraite. Cela fait deux ans. Je connais cette station de ski depuis plus de trente ans. Je suis resté célibataire. J’y allais chaque année aux vacances d’hiver et de temps en temps l’été. Depuis ma retraite, je vis heureux et paisible dans ce village plein de charme. J’espère que cela va continuer.

J’ai fait toute ma carrière dans une banque comme directeur d’agence. Je suis profondément croyant depuis mon enfance. J’allais à la messe tous les dimanches et donnait un peu de mon temps dans ma paroisse et dans une association catholique au service des plus démunis. A l’époque j’habitais le centre de la France. En 1997, j’ai été nommé par l’évêque, Président diocésain de cette association. Cela a duré deux ans. J’ai été continuellement confronté au totalitarisme du délégué général, qui était salarié et aux rivalités des responsables bénévoles. C’était une guerre permanente. Et en plus, j’ai dû faire face à de terribles tensions provoquant des calomnies haineuses à mon sujet.

 

Ce fut épouvantable. Je me demande toujours comment j’ai pu tenir le coup deux ans surtout qu’au bout d’un an, un retraité militaire, très conservateur a tout fait pour prendre ma place, diffusant des histoires mensongères et des propos diffamatoires contre moi à l’évêque. J’ai connu tout le système d’un diocèse, de l’évêque au vicaire général en passant par le conseil presbytéral. Impossible de lutter contre cette machine qui se tire en plus dans les pattes. J’ai fini par démissionner et j’avoue que j’ai eu du mal à m’en remettre. La calomnie est une arme redoutable.

Personne ne s'est indigné. Personne n'a pris ma défense à part deux membres de ma communauté. C'était terrible.

Tout cela a eu une répercussion dans ma paroisse. Les suspicions se propageaient même dans le clergé des alentours. J’ai dû prendre une décision radicale que je ne regrette pas, c’est-à-dire de ne plus aller à la messe, de ne plus participer aux divers groupe (prière et pastoral) Bref ! de ne plus mettre les pieds à l’église. C’était une nécessité absolue pour ne pas sombrer dans la dépression. Personne ne peut imaginer ce que j’ai pu éprouver, à part ceux bien sûr qui ont vécu une situation analogue aux impitoyables rivalités entre laïcs.

J’ai même demandé à ma banque de me changer de région. Je voulais tirer un trait une fois pour toutes sur cette mélasse. Les dix dernières années de ma vie professionnelle, je l’ai passé dans un autre département. Et bien sûr, pas question pour moi d’intégrer une nouvelle communauté paroissiale. Trop traumatisé. Je n’ai pas non plus repris une activité bénévole dans une association confessionnelle. J’ai fait partie d’un groupe de randonneurs qui regroupait plusieurs villages. Et là, je me suis fait beaucoup d’amis, joyeux et heureux de vivre. Passer plusieurs dimanches en pleine nature, c’était merveilleux. J’ai toujours eu la foi et je priais chez moi, en privé remerciais Dieu chaque jour de m’avoir donné d’autres amis. Parmi eux, il y avait deux croyants qui n’allaient pas à la messe. Pour eux l’Église est à côté de la plaque. « La foi disaient-ils n’a rien à voir avec tous ces dogmes archaïques qui ont forgé plus d’athées que de croyants ». Entre randonneurs, il y a une solidarité très forte que je n’ai jamais rencontrée à ce point-là en quarante ans de vie paroissiale.

Comme mon projet était de m’installer en Haute Savoie à la retraite. Cela fait deux ans que j’y suis. Je continue mes activités de randonneur dans mon petit village de montagne. Je me suis même inscrit à une association de secouristes. Je suis bénévole à la station. Mes journées sont bien remplies. J’ai toujours un petit coin de prière chez moi. Je suis chrétien. Il m’arrive de le revendiquer et je pratique depuis près d’un an la méditation de pleine conscience, en pleine nature qui est à deux pas de chez moi. J’ai énormément d’amis très fraternels. Je suis très heureux.

 

En montagne, il y a aussi une très forte solidarité.

On aide les gens isolés ne pouvant pas se déplacer, on organise des rencontres avec les personnes plus âgées que moi. On aide les touristes. De tous mes amis, il y a des croyants mais qui ne vont pas à l’église. Il nous arrive de parler de notre foi, de Dieu et de Jésus. Les non-croyants nous écoutent attentivement. Voilà pour moi ce qu’est ma vie de chrétien ordinaire. L’autre jour, j’ai été tenté d’entrer dans l’église du village car la porte était ouverte. Mes déboires dataient de plus de douze ans. Au moment de mettre juste un pied dans l’église, une angoisse se faisait ressentir. J’ai tout de suite fait demi-tour d’un pas accéléré peut-être même en courant. Heureux en tant que chrétien hors de l’Église, chez moi, dans ma simple vie, cela se confirme chaque jour.

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